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mercredi 16 décembre 2009

1984 BIRMANIE - Temples


Premières visions de la Birmanie

Les transports en commun locaux ...

Photos de la capitale Rangoon, entre traditions et modernité

Les faubourgs de Rangoon sont très luxuriants

La nuit tombe progressivement sur la Pagode Swedagon à Rangoon


Le grand stupa doré du Swedagon à la tombée de la nuit

Scènes de la vie quotidienne Birmane

Coucher de soleil sur le lac Taungthaman depuis le pont U Bein

Temples de la ville de Mandalay

La pagode de Bodawpaya dans les environs de Mandalay

Coucher de soleil sur le fleuve Irawady en rentrant sur Mandalay

La plaine de Pagan vue depuis un Stupa central



Des allées du marché de Nyaung U au Mont Bopa

Le mont Popa : l’Olympe Birman



Sur la route du village de Pindaya et de la grotte aux 10 000 Buddhas

Le marché de Pindaya

De villages en villages dans les montagnes de Birmanie

Retour dans les plaines et fin du Treking à Kalaw

Scènes de la vie quotidienne sur les rivages du lac Inlé

La grande fête de la plaine lune dans le village de Ma Gyi Gone




Le combat de Aung San Suu Kyi

pour la démocratisation de son pays



LA REPRESSION EN BIRMANIE

1995. « Nuit de Juin, dix sept ans, on se laisse griser ; Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! » (Rimbaud).
C’était la fête du cinéma, nous venions de finir de passer les oraux du bac de Français. En sortant de la salle obscure, nous sommes tous restés un long moment sans voix ; encore sur le choc du film poignant et magnifique que nous venions de voir : BEYOND RANGOON. L’histoire d’une jeune médecin (interprétée par Patricia Arquette) repliée sur sa douleur depuis le meurtre de son mari et de sa fille, et qui retrouve un sens a sa vie lors d'un voyage en Birmanie. Elle y fera un long et dangereux périple initiatique à travers un pays déchiré par la guerre civile et la terrible répression de la junte contre l’opposition démocratique pacifiste. Ce devait être l’une des premières fois que j’entendais parler de la Birmanie. C’était il y a douze ans maintenant, époque d’insouciance lycéenne. Cela me semble si loin maintenant tant il s’en est passé des choses depuis. Douze ans… Et cela fait maintenant douze ans que Aung San Suu Kyi la chef de fil de l’opposition démocratique en Birmanie, a été privée de ses libertés et assignée à résidence dans des conditions très dures.
Ce souvenir lointain m’est revenu alors que mon regard s'arrête sur un portait en noir et blanc fixé derrière le comptoir du petit restaurant où nous nous sommes arrêtés pour le déjeuner. Le portait du père de Aung San Suu Kyi, héros national et martyr qui joua un rôle décisif dans l’accession de la Birmanie à l’indépendance en 1947.
« La vérité, la justice et la compassion sont souvent les seules défenses contre le pouvoir impitoyable » Aung San Suu Kyi
Prix Nobel de la Paix 1991, Aung San Suu Kyi a été emprisonnée, puis libérée, mais toujours sous surveillance, elle continue d’être réduite au silence par la junte militaire au pouvoir en Birmanie. La prix Nobel de la paix totalise une douzaine d’années de privation de liberté depuis qu’elle a entamé son combat en faveur de la démocratie, en 1988. Elle vit dans un quasi-isolement. « Des soldats armés postés derrière une barricade de barbelés détournent chaque visiteur à l’entrée de chacune des rues qui conduisent chez elle, déclare l’organisation Info-Birmanie. Le régime maintient sa ligne téléphonique coupée. » Personne ne peut plus communiquer avec elle depuis le 30 mai 2003. À cette date, la junte militaire a tenté de l’assassiner lors de l’attaque de son convoi à Depayin, qui a fait plus de 100 morts. La secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie a été arrêtée et détenue au secret soi-disant « pour assurer sa sécurité ». Elle est réapparue quatre mois plus tard pour une opération chirurgicale. Mais tout contact avec ses amis est rompu. « Le Conseil d’État pour la paix et le développement [SPDC] s’acharne depuis quinze ans à isoler Aung San Suu Kyi. Les généraux veulent que le monde l’oublie », estime Info-Birmanie. « Elle représente la menace principale au régime militaire, et les craintes pour sa sécurité redoublent depuis l’interdiction de visite hebdomadaire infligée à son médecin personnel et les attentats du 7 mai 2005 ». Voici une courte biographie de cette femme courageuse.

« Fille du leader de la libération Aung San (assassiné en 1947), Suu Kyi est née à Rangoon en 1945, juste avant que la Birmanie ne se libère de la tutelle colonisatrice de la Grande-Bretagne. Sa mère est diplomate et Suu Kyi est élevée en Inde et en Grande-Bretagne. Elle fait des études de philosophie, d’économie et de sciences politiques à Oxford. Elle poursuit une carrière académique jusqu’à ce qu’elle rentre en Birmanie, en 1988, pour soigner sa mère malade. En juillet 1988, le général Ne Win, à la tête d’une junte militaire depuis 1962, est obligé de démissionner. Les troubles qui suivent cet événement sont brutalement réprimés par l’armée. Influencée par la philosophie et les idées du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King, Suu Kyi et ses amis politiques fondent, en 1988, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Son engagement, non violent, en faveur de la mise en place d’un régime démocratique lui vaut un grand succès auprès de la population. Ce succès va amener, en 1989, la junte militaire au pouvoir à assigner Suu Kyi à domicile afin de diminuer son influence, mais cette mesure ne va pas empêcher la LND de remporter presque 80% des sièges lors des élections de 1990. Les militaires au pouvoir vont refuser le résultat démocratique sorti des urnes et vont au contraire augmenter la répression et les persécutions vis-à-vis de l’opposition et des minorités ethniques. Malgré cela, Suu Kyi, appelée « la Dame », continue de résister ». Elle a reçu le Prix Nobel de la Paix 1991.

J'ai été très ému par le témoignage bouleversant de U Thien Tan, célèbre journaliste et libraire de Mandalay libéré le 3 janvier 2005 de la prison de Thayet (nord de Rangoon). Il avait été arrêté et condamné, en 1990, à dix ans de prison pour avoir écrit des articles sur la mort de quatre manifestants. Il aurait dû être libéré en décembre 2000, mais les autorités lui avaient infligé une peine supplémentaire dont la durée n’avait jamais été révélée. Aujourd’hui âgé de 74 ans, il raconte les sévices dont il a été victime.
"J’étais triste du matin au soir, avec toutes les atrocités que je voyais. Je serais incapable de décrire les insultes et les passages à tabac auxquels j’ai assisté. C’était l’horreur ! Ils utilisaient n’importe quoi pour frapper les prisonniers : il n’y avait aucun règlement là-dessus. Certains recevaient des coups de bâton. D’autres étaient frappés avec des bambous. D’autres encore recevaient des coups de matraque. C’était impossible d’y échapper. Par exemple, quand on nous a conduits à Thayet, on nous a dit de baisser la tête et on nous a tapés dessus avec des bâtons. Quand nous sommes arrivés à la prison, on nous a ordonné de ne pas relever la tête et on nous a immédiatement frappés. Puis, une fois à l’intérieur, on nous a encore battu en nous disant : « Bienvenue à la prison de Thayet ! » Ensuite, deux prisonniers ont été frappés dans leurs cellules et cinq autres placés dans des positions humiliantes. Ils ne nous ont pas autorisés à prendre de douche pendant une semaine entière. Lorsque nous avons enfin pu nous laver, nous nous sommes rendu compte que chacun d’entre nous portait entre vingt et quarante traces de coups sur le dos.

Etre le témoin de toutes ces exactions m’a vraiment bouleversé. J’étais pétrifié. Nous avons d’abord été tous rassemblés dans une cage en fer. En y repensant, je me sens encore mal. Puis nous nous sommes retrouvés à cinq dans la même cellule. A l’époque, j’avais très envie de lire, mais c’était interdit. Comme je ne fume pas, je trempais les mégots des autres dans l’eau, puis je collais le papier à cigarette sur le mur pour lire ce qui était écrit dessus. Des livres, de toute façon, il valait mieux ne pas en voir la couleur. Lire les journaux que nos proches utilisaient pour emballer les vivres qu’ils nous apportaient lors des visites était perçu comme un crime. La punition ? Interdiction d’aller aux toilettes ou de prendre une douche. C’était terrible ! La junte doit libérer les membres de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), mais aussi les membres des autres partis politiques, les étudiants, les nombreuses personnes âgées qui sont encore en prison, et tous ceux qui sont détenus pour leurs idées politiques ou leurs croyances religieuses. J’ai pu voir de mes propres yeux qu’un grand nombre de jeunes sont en prison. Certains ont tout juste 19 ans et sont condamnés à 29 ans de détention. Cela me blesse au plus profond du cœur."


Propos recueillis en janvier 2005 par la radio Democratic Voice of Burma

13 NOVEMBRE 2010 13:23


Birmanie : Aung San Suu Kyi retrouve sa liberté de mouvement


Une semaine après les élections, sous la pression internationale, la junte birmane a enfin levé la résidence surveillée de la "Dame" de Rangoun.
Après sept années de résidence étroitement surveillée, la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi qui symbolise le combat pour la démocratie en Birmanie a retrouvé sa liberté de mouvement ce samedi 13 novembre.
Sous couvert d'anonymat, un responsable birman a indiqué à l'AFP que des représentants officiels s'étaient rendus à son domicile de Rangoun, rue de l'Université, vers 17h00 heure locale (10h30 GMT), pour lui signifier l'ordre de libération signé de la junte.
Sitôt levées les barricades qui fermaient l'accès à cette rue, une foule imposante s'est précipitée vers la demeure délabrée où Aung San Suu Kyi était retenue depuis mai 2003. Déjà la veille, un millier de ses partisans s'étaient groupés aux environs, tandis que quelque 700 personnes dont beaucoup arboraient des tee-shirts à l'effigie d'Aung San Suu Kyi s'étaient rassemblées devant le siège de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, officiellement dissoute par la junte.
Au total, au cours des 21 dernières années, Aung San Suu Kyi a été privée de liberté pendant quinze ans. Sa dernière condamnation à 18 mois de résidence surveillée arrivait précisément à échéance ce samedi.
Depuis des lustres, la communauté internationale, y compris des pays de L'Association des nations du Sud-est asiatique dont fait partie la Birmanie, réclamait à cor et à cri la libération de la lauréate du prix Nobel de la paix 1991.
La pression des capitales occidentales et de l'opposition en exil était montée d'un cran ces dernières semaines, suite au refus de Rangoun de libérer Aung San Suu Kyi avant les premières élections organisées dans le pays depuis 20 ans (lire "Un semblant de démocratie en Birmanie").
Pour le généralissime Than Shwe à la tête de la junte, il s'agissait de ne pas revivre le camouflet de 1990 en écartant du scrutin la principale opposante au régime.
En effet, lors des précédentes élections, la fille du général Aung San, héros de l'indépendance birmane, aurait dû accéder au pouvoir, mais le régime militaire alors en place depuis deux ans avait annulé ces résultats.
Sans surprise, l’élection de dimanche qualifiée de mascarade par de nombreux observateurs et émaillée de fraudes ne devrait pas bouleverser le paysage politique du pays, ainsi le parti représentant la junte au pouvoir affirme avoir remporté quelque 80% des sièges.
Mme Suu Kyi n'a pas vu ses deux enfants qui résident en Grande-Bretagne depuis près de dix ans, et en 1999, de peur d'être contrainte à l'exil, elle avait renoncé à se rendre au chevet de son mari mourant.
Au-delà de la fin de sa résidence surveillée, il n'est pas dit qu'elle ait retrouvé sa liberté de parole. En outre, à 65 ans, même si elle reste une véritable icône de la démocratie pour de nombreux Birmans, coupée du pays depuis longtemps, sa position apparaît quelque peu affaiblie.

 

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